Jusqu’à ce jour, vous n’aviez partagé votre quotidien qu’avec
votre conjoint et votre chat, mais une grande décision va venir
chambouler ce petit équilibre. Vous attendez un enfant, et force
est de constater que vous ne savez pas comment réagira votre
chat : partagera-t-il ce bonheur ? Sera-t-il perturbé ? Y a t-il
un danger à faire cohabiter un chat et un nourrisson ?

Premier trimestre de grossesse |
Bien avant que le
ventre de la maman ne s’arrondisse, il est une certitude : le
chat sent qu’il se passe quelque chose. Le premier trimestre est
souvent un peu difficile pour la future mère, qui souvent a des
nausées ou vomit. Ce premier changement dans son comportement ne
passe pas inaperçu pour minou. D’autant que cette nouvelle
apporte souvent une certaine tension ou une agitation dans le
couple. Ce à quoi le chat est extrêmement sensible. Il ressent
immédiatement le stress de ses propriétaires, leurs émotions
fortes, leurs angoisses, leurs malaises, leur forte joie. On ne
sait pas avec certitude si le chat ressent les changements
hormonaux de la femme enceinte, mais il ne peut passer à côté
des changements qui y sont liés : humeurs aléatoires, odeur
corporelle en évolution, et bien sûr changement de la
silhouette.
C’est sans compter
les sautes d’humeurs qui peuvent toucher la femme enceinte (mais
aussi parfois leur conjoint qui font malgré eux une couvade,
c’est à dire qui ont tous les symptômes de la femme enceinte) et
dont le chat fait parfois les frais. Il est assez fréquemment
que la relation que l’un et l’autre entretenaient avec le chat
jusqu’à présent change tout à coup. Souvent la femme se met à
rejeter violemment la présence du chat, ne veut plus le toucher
ou même le voir. L’inverse se produit aussi : elle se découvre
une passion sans limite pour son chat et veux le caresser sans
arrêt.
Les nausées
ressenties par la future mère impliquent généralement une
modification des habitudes. Changer la litière ou nourrir le
chat devient tout simplement insupportable. C’est donc monsieur
qui va s’occuper du chat pendant quelques mois.
Deuxième
trimestre de grossesse |
Le deuxième
trimestre est une sorte de pause dans ces longs mois de
changements : la femme enceinte se sent mieux, les nausées ont à
peu près disparues, elle a un regain d’énergie lui permet de
vivre à peu près normalement. Le chat retrouve un peu ses
repères, le calme revient dans la maison.
Cependant, 30 % des
femmes enceintes n’ont jamais attrapé (et n’en sont donc pas
immunisées) la toxoplasmose, parasite qui peuple la terre et se
retrouve généralement dans les légumes du potager mais aussi et
surtout dans les poils du chat et dans ses selles. Il est donc
formellement interdit à ces femmes de changer une litière. Si le
chat à un accès libre à l’extérieur (et peut donc ramener le
parasite n’importe quand) il est même recommandé de ne plus du
tout toucher le chat. Si la mère attrape la toxoplasmose, les
conséquences peuvent être dramatiques pour le fœtus. Le risque
de fausse couche est important ou l’enfant peut naître avec un
handicap tel que la cécité.
Ces mesures
draconiennes (mais oh combien nécessaires !) ne sont pas pour
arranger notre minou qui, du coup, n’a plus le privilège des
caresses et des bons soins de sa maîtresse.
Heureusement, une
très belle relation peut aussi s’instaurer par des regards, des
mots doux, une attention générale qui soulage un peu le chat qui
se sent moins délaissé. Le principal est qu’il ne se sente pas
complètement oublié.
Un
troisième
trimestre plus délicat |
L’imminence de
l’accouchement perturbe tout le monde. Mais ce qui, et de loin,
va le plus perturber le chat, ce sont les préparatifs à la venue
de l’enfant : l’aménagement de la chambre, l’achat de nouveaux
meubles et le déplacements d’autres, des travaux de peinture, un
déménagements complet aussi parfois (dans un logement plus
grand).
La future mère ne se
déplace plus de la même façon, et sa silhouette n’est plus du
tout la même, ce qui peut aussi dérouter minou qui perd tous ses
repères les uns après les autres.
C’est le moment ou
jamais de prendre en considération la future cohabitation
bébé/chat. Les précautions à prendre avant la venue du
nourrisson sont essentielles si l’on ne veut pas que cela vivre
à la catastrophe.
Quels que soient les
changements qui interviennent dans le logement, il y a deux
règles à respecter absolument :
Autant que
possible, ne pas déplacer la litière, la gamelle et le coussin
de repos du chat avant ou après la venue du bébé : ce sont ses
repères. Si l’on ne peut faire autrement, alors on fera ces
changements deux mois avant la naissance, pour que le chat ait
le temps de s’y faire et ne pas accumuler les nouveautés. Ceci
est vrai pour tout changement que l’on veut lui imposer (par
exemple si on ne veut plus qu’il dorme dans la chambre
familiale)
Faire
des changements définitifs. Rien de plus angoissant pour un
chat de voir les meubles de la maison changer toutes les
semaines. Si l’on achète les meubles de bébé au fur et à mesure
(budget oblige), alors on prendra soin de réserver une pièce
où se produisent tous les changements et où l’on stocke tous
le nouveau matériel de puériculture.
Il n’est pas utile
d’interdire l’accès de la future chambre d’enfant au chat, mais
c’est au choix de chacun. Si l’on souhaite instaurer quand même
l’interdiction, il faut le faire avec douceur (un « non » ferme
suffit) et être systématique. Il ne faut pas en revanche faire
de cette pièce un lieu désagréable pour le chat. Il doit
associer ce lieu à quelque chose de clair et si possible
d’agréable.
Le chat est déjà
suffisamment perturbé par tous ce qui se trame : il n’est pas
utile de lui imposer un stress supplémentaire.
Quelle joie ! Ça y
est, votre tout petit est enfin arrivé et vous pouvez
l’installer chez vous. Avant votre retour de la maternité, vous
aurez pris soin de faire sentir au chat un linge portant l’odeur
de bébé.
Le chat risque
d’être moins enthousiaste que vous…toute cette nouveauté n’est
pas pour lui plaire. Il a bien des raisons de trouver difficile
et pénible la venue de ce petit d’homme : il pleure, il sent
« bizarre », il n’a pas une taille d’humain habituel et il
accapare toute l’attention de ses maîtres. Mais c’est presque
tant mieux : un chat stressé n’aime pas qu’on le bichonne ou
qu’on le caresse. Il se montre généralement plus distant et
moins joueur.
Il ne faut pas
s’étonner si le chat se met à être malpropre. Il le fait parce
que c’est un moyen naturel et efficace « d’évacuer » une
tension, un stress. Il le fait aussi pour renforcer sa propre
odeur dans son lieu d’habitation. Cela doit être passager et ne
dure que le temps que le chat s’adapte, et à trois conditions :
on ne
réprimande jamais le chat pour ses souillures. Il ne
comprendra pas pourquoi on le punit quand il se décharge de
son stress, et cela ne ferait qu’amplifier le phénomène.
On
lui réserve un pièce (où son coin sommeil) où l’on n’introduit
jamais l’enfant (afin qu’il n’y dépose pas ses odeurs). Si
le chat dort sur le lit des parents, alors on n’y pose pas le
bébé, on n’y change pas non plus ses couches bien sûr.
On
n’oblige pas le chat à venir sentir le bébé, en le prenant
dans les bras par exemple. Mais on le laisse venir de
lui-même sentir l’enfant (le mieux et de le laisser
s’approcher du petit quand il dort, c’est moins angoissant pour
le chat). Il est déconseillé de crier, réprimander ou s’affoler
quand le chat s’approche du bébé. Le chat fait alors
l’association « bébé = stress, peur, interdit, chose
désagréable ». L’idéal est de favoriser cette cohabitation dans
le calme et la sérénité. Le chat qui voit ses maîtres détendus
et de bonne humeur quand il s’approche du bébé se sentira alors
à l’aise avec l’enfant.
Le chat finit par
s’habituer à cette petite chose qui a envahi son espace. Mais
les difficultés reprennent quand l’enfant se met à ramper,
trotter, marcher. De plus, les petits maîtrisent mal au début la
préhension : il attrapent, et ne savent plus lâcher ! Le chat
peut griffer l’enfant qui veut le toucher mais qui fait mal.
Mais ce n’est pas systématique. C’est pourquoi on veillera à
surveiller l’enfant pour qu’il n’approche pas de trop près le
chat si celui-ci montre des signes de craintes. On ne permet pas
non plus à l’enfant de taper le chat, de vouloir lui tirer les
poils etc. Il faut penser aussi à l’espace de fuite du chat. Si
l’enfant s’en approche et que le chat se retrouve dans un coin
ou dans un couloir et qu’il n’ose plus s’échapper, alors il y a
risque de griffures. Il faut toujours veiller à ce qu’il y ait
toujours un espace suffisamment grand pour que le chat puisse
s’enfuir.

Sachez
dans tous les cas que ce que vous faites à l'enfant ou au chat,
il le fera à son tour tôt ou tard : si vous êtes partisans
des fessées, tapes et autres punitions physiques sur l'enfant ou
sur le chat, l'enfant reproduira lui aussi ces gestes sur le
chat. On ne pourra pas le lui reprocher de vous avoir imité...
La cohabitation
enfant/chat est souvent très belle quand cela s’est instauré
naturellement, sans inquiétudes de la part des propriétaires.
Malgré quelques accrochages au départ, et quelques pipis ou
cacas faits en dehors de la litière, la plupart des chats
s’adaptent à cette situation et finissent même par vouloir
lécher l’enfant et dormir avec. Voilà pourquoi on ne laisse
jamais un chat dormir dans la même pièce que le bébé. Il
risquerait de vouloir dormir contre lui et de l’étouffer.
A part ce risque là,
il n’y en a pas beaucoup d’autres à craindre, si ce n’est la
moquette de temps à autres…