Mon chat
fait ses besoins en dehors de la litière !
Par Florence
Cailliot-d'Ivernois, comportementaliste
www.comportementaliste-chat.com
La malpropreté
est un comportement très fréquent lorsque le chat vit un
malaise ou une difficulté psychologique. Mais avant de
conclure à une cause comportementale, il faut impérativement
vérifier auprès d'une vétérinaire qu'il ne s'agit pas d'un
problème physique, d'une maladie comme la cystite par
exemple, qu'il faudrait alors traiter très rapidement.
Une fois que cette hypothèse a
été écartée, on peut alors se pencher sur les explications
comportementales.
L’élimination a plusieurs fonctions, notamment pour les chats stérilisés. En
effet, il n’existe rien de plus rassurant pour un chat que de sentir sa propre
odeur, sa carte d’identité phéromonale.
Tant que le chat va bien, il n’a pas besoin de
déposer beaucoup de sa propre odeur.
Frotter ses joues ou ses flancs sur les objets lui suffit largement.
Lorsqu’il est inquiet, il
ressent rapidement le besoin de se rassurer en déposant un « paquet » bien plus
odorant et plus rassurant : son pipi ou son caca.
Pour des chats assez sensibles, le moindre
changement dans leur environnement (un nouveau meuble, un nouvel arrivant, un
autre chat, un chien, un bébé, un autre adulte…) peut provoquer ces mictions.
Faire ses besoins comporte pour le chat un autre
avantage important : « éliminer », au sens propre du terme, c’est aussi
« évacuer » une tension. En
l’occurrence, le chat, en faisant pipi ou caca, « évacue » un stress, une
inquiétude. Le lieu qu’il choisi pour le faire dépend de sa valeur symbolique.
Quelles
sont les raisons de ce comportement ? |
La malpropreté du chat est la première cause de consultation chez un
comportementaliste. Le chat jouit d’une réputation d’extrême propreté. Pourtant,
même s’il passe son temps à faire sa toilette, le chat peut tout aussi bien se
mettre à faire pipi ou caca en dehors de sa litière à certaines périodes de sa
vie. Une gêne pour les propriétaires, surtout si la fréquence est régulière et
qu’il le fait dans des lieux qui en énerverai plus d’un : le lit par exemple.
Quelles sont les causes d’un tel comportement ? Comment réagir lorsque cela
arrive ? Existe-il des solutions ?
Marquer son territoire
Le chat vit dans un monde essentiellement olfactif, voilà pourquoi il se frotte
si souvent aux objets ou à nos jambes : il y dépose des phéromones. Or, dans
l’urine et dans les fèces, ces phéromones sont présentes en très grandes
quantité. Ces molécules, qui sont parfaitement individuelles et uniques à chaque
chat, lui servent entre autre à rendre familier le moindre objet de son
environnement. Les phéromones servent d’abord à indiquer à d’autre chats « ici,
c’est chez moi ». D’ailleurs, un chat non castré marque son territoire par des
jets d’urine. Il le fait d’une façon très spécifique : droit sur ses jambes
tendues, les fesses face à un support vertical (un coin de mur, de canapé, une
plante verte…), et il lance un court jet horizontal. Rien à voir avec un pipi
effectué à croupie comme dans la litière. C’est la raison principale pour
laquelle on castre un chat. Il ne lui prend normalement plus aucune envie de
marquer son territoire après l’opération. Ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on
habite dans un appartement, car l’odeur de l’urine du chat non-castré est
particulièrement forte.
Familiariser son environnement
Classiquement, un chat éliminera sur des objets ou des meubles dont l’odeur
l’inquiètent. Ce type d’accident arrive très souvent sur des objets bien
particulier : des sacs, des bagages ou sacs de voyages, des chaussures, des
manteaux. Leur points commun : ils apportent avec eux une multitude d’odeurs
venues de l’extérieur et qui lui sont inconnues. Le chat viendra donc y ajouter
la sienne pour rendre l’objet plus familier. Si ces pipi-cacas n’arrivent qu’une
fois de temps en temps, il n’y a vraiment pas de quoi s’en inquiéter non plus,
ils ne signifient pas que le chat va mal.
Un déménagement peut entraîner aussi une certaine malpropreté dont le but est le
même : rendre plus familier ce qui est inconnu et donc inquiétant.
Mais certains chat, anxieux de nature, prennent la mauvaise habitude de marquer
systématiquement tout objet nouveau ou venant du dehors, ce qui devient très
problématique pour les maîtres. Il faut alors re-conditionner le chat à éliminer
dans sa litière plutôt que sur les objets nouveaux, et cela demande du temps.
Évacuer une énergie négative
Lorsqu’il y a des troubles de la relation entre un propriétaire et son chat
(c’est alors l’odeur du maître qui est inquiétante), celui-ci peut se mettre à
éliminer sur des endroits où la personne s’installe habituellement : sur sa
place de canapé, sur son lit, sur ses sous-vêtements, dans la baignoire ou sur
le tapis de bain, etc. L’odeur humaine y est très forte et porte donc en elle le
souvenir très présent du maître. Exemple : un membre de la famille a tendance à
s’emporter contre le chat lorsque celui-ci fait des bêtises. Le chat se méfie
donc de cette personne et craint ses réactions soudaines. Il ira donc faire pipi
ou caca sur son oreiller ! En y mettant son odeur, il sera une peu plus rassuré.
Rien à voir, donc, avec de la vengeance !
Cela se produit bien souvent dans la chambre des enfants lorsque ceux-ci ont
tendance à taquiner le chat plus que de raison…
Mais le chat peut tout aussi bien éliminer sur des lieux qu’il apprécie pour les
rendre encore plus familiers et rassurant. Par exemple sur le fauteuil où il
dort habituellement, ou sur une couverture qu’il adore ou même sur les vêtements
de ses maîtres alors même qu’ils n’ont rien à voir avec ce qui l’inquiète.
Il faut savoir que plus un chat est anxieux ou stressé, plus il aura tendance à
vouloir éliminer, toujours pour se « décharger » et « évacuer » l’énergie
négative. La fréquence de ces « petits cadeaux » dépend entre autre du contexte,
de l’état du chat à un moment précis, et de son tempérament général (est-il
stressé de nature ?) et on l’oublie trop souvent, de la réaction de ses maîtres.
En effet, on peut tout à fait conditionner le chat à rester malpropre par nos
seules réactions ! C’est très simple à comprendre : un chat qui se soulage parce
que quelque chose le stresse ne peut pas comprendre qu’on le punisse ou qu’on le
réprimande, encore moins qu’on lui mette le nez dedans ! Cela provoque en fait
l’effet parfaitement inverse : minou va être encore plus stressé, et les un ou
deux pipis ou cacas occasionnels vont devenir quotidiens parce que le chat
attend avec anxiété la réaction « incompréhensible » de ses maîtres. Cette
attente étant très stressante, il va se soulager à nouveau, et c’est un
véritable cercle vicieux.
La meilleure des réactions : aucune !
Quand on nettoie, à l’eau simple, sans
détergents, on ignore le chat, sans le bouder, et on va le rassurer par des mots
doux ou des caresses un peu plus tard. C’est encore la solution la plus radicale
pour faire cesser ce problème.
Avant de conclure à un trouble du comportement, il ne faut pourtant pas hésiter
à penser plus simple : la litière est-elle trop nettoyée (donc pas assez d’odeur
rassurantes) ou pas assez nettoyée ? N’est-elle pas trop proche de la
nourriture ? Un ou deux mètres de distance entre les deux est nécessaire. Se
situe-elle dans un endroit où il y a beaucoup de passage ? On apprécie tous de
pouvoir être tranquille dans ces moments là…! N’y a t-il pas trop d’odeurs
« parasites » qui camouflent trop bien l’odeur de minou, comme des détergents
très puissants ou des litières parfumées par exemple ?
Il existe une multitude de
situations qui peuvent pousser un chat à éliminer en hors de sa litière, et
lorsque cela se pérennise, il ne faut pas hésiter à faire appel à un
comportementaliste, car des solutions parfois très simples à mettre en place
existent.