1- En cas de morsure même légère, les léchouilles ne sont pas une demande de
pardon. C’est un code social canin qui a comme objectif de réduire les tensions
et mettre fin au conflit. Mal le comprendre amène à mal gérer la situation.
2- Nos bisous, embrassades et câlins ne sont pas perçus de cette manière par le
chien, qui peut y voir une contrainte ou une menace. Ces gestes mal compris qui
contraignent ou dérangent, installent parfois petit à petit chez l’animal,
inquiétude et méfiance : et donc une réactivité exacerbée.
En léchant, le chien exprime son rang
social
|
En léchant un congénère ou un
humain, un chien exprime son état émotionnel, son rang social et ses intentions.
Dire que ce comportement est amical est juste, mais bien trop réducteur au
risque de se méprendre sur le message qu’il peut parfois transmettre.
Heureusement sans trop de gravité, Saxo a mordu Xavier qui en est encore choqué
et perplexe quand il explique :
«Je n’ai rien compris, tout s’est passé très vite. Saxo m’a mordu au bras, et
sitôt après il s’est mis à me faire des léchouilles -comme pour s’excuser-.
D’abord en colère d’avoir été mordu, je me suis un peu radouci quand Saxo s’est
mis à me lécher. Spontanément j’ai alors voulu caresser mon chien, et là comble
de tout, il m’a remordu une 2è fois ! »
Xavier a fait fausse route en interprétant comme une repentance, les léchouilles
de Saxo juste après sa morsure. En voulant y répondre par une caresse en tendant
la main vers son chien, c’est au tour de celui-ci d’être surpris, de ne pas
comprendre un tel comportement et de remordre à nouveau.
La méconnaissance des codes sociaux canins et l’anthropomorphisme vont induire
ces réactions malheureuses en cascade. Ça n’est qu’après étude des circonstances
de l’incident et examen du type de relation qu’il entretient avec Saxo, que
Xavier voit apparaître une réalité canine lui faisant mieux comprendre son
compagnon.
Assigner une place au chien
|
Plutôt permissif au quotidien avec
son chien, le jeune homme n’avait jusqu’ici jamais jugé bon de lui assigner une
place précise de repos, le laissant à son aise utiliser canapé, lit ou fauteuil,
trop content de profiter de sa chaude présence.
Ce soir là, quand Xavier a voulu se faire une place sur son canapé près de son
chien, Saxo dérangé s’en est indigné, et s’est mis à gronder (comme parfois
paraît-il !) Indigné à son tour, Xavier insiste… et c’est là que Saxo pas décidé
à céder la place qu’il occupe, lance un rappel à l’ordre (selon ses codes
sociaux canins) avec une morsure brève autant qu’inattendue, qui fait reculer
son maître.
Suite au retrait ébahi de Xavier, Saxo s’est alors mis à lui lécher le bras
qu’il venait de mordre, pour l’apaiser comme il l’aurait fait sur un congénère
qui se serait soumis devant sa démonstration d’autorité physique.
Si Xavier n’avait pas interprété les léchouilles de son animal comme une
-demande de pardon- mais bien au contraire comme le message d’apaisement d’un
canidé dominant à son dominé qui se soumet, il ne se serait pas permis
d’insister davantage, avec une caresse sur la tête de surcroît.
Saxo a vécu cette flatterie comme une insistance de son maître. C’était pour lui
un message contradictoire et donc suspect, auquel il a réagit par un 2è rappel à
l’ordre (une morsure de plus !)
Selon les codes régissant les conduites entre canidés, pour Saxo à qui il était
offert d’occuper librement cet espace (cela signifiant donc privilège de la
dominance canine) il n’était pas acceptable de se faire déplacer par Xavier.
Menacer pour l’en empêcher et mordre son maître parce que celui-ci insiste au
lieu de céder devant les menaces, s’explique donc légitimement. Ensuite,
derrière ses léchouilles, et toujours selon les codes sociaux canins, si Saxo
avait reçu l’attitude basse et soumise de Xavier, il n’aurait pas « dû » le
rappeler à l’ordre une 2è fois en le remordant.
La responsabilité de Xavier est grande puisque c’est sa mauvaise organisation
des rapports avec son animal, qui porte celui-ci à des conduites agressives
aussi incomprises qu’inacceptables.
En l’occurrence, il n’était pas tant question que Saxo n’occupe pas fauteuils et
canapé, mais de lui faire intégrer qu’il n’est pas de son droit d’en disposer
librement, ce qui fait toute la différence dans l’organisation de la relation.
Ailleurs que dans cette idée de pardon, les léchouilles sont aussi souvent
interprétées comme des marques d’affection, bisous, câlins, etc. En toute
logique les réponses qui sont alors données au chien sont affectives elles
aussi, et pour un échange harmonieux semble-t-il. Ce qui est parfois le cas mais
pas toujours, car en réponse aux léchouilles, une embrassade peut être perçue
par le chien comme une tentative de contrainte sur lui, un bisou peut surprendre
ou être vécu comme une menace !
Ex : le maître de Woba, qui s’est vu sanctionné par une morsure à la lèvre, en
voulant répondre aux sollicitations de son compagnon, par un bisou sur
l’encolure.
Mal gérées, les séances de brossage comme que les séquences de jeux proposées au
chien peuvent rapidement devenir aussi le terrain favori des situations
morsure/léchage. Là encore, le maître se persuade qu’il s’agit d’une réaction
distraite ou d’un mauvais contrôle accidentel suivi de la culpabilité de son
animal. Mais la situation évolue et le chien en vient à avoir ces mêmes
comportements dans d’autres circonstances.
Le soutien du comportementaliste pour l’aide à la réorganisation des rapports
avec le chien, s’avère alors indispensable.
Erreurs à ne pas commettre |
Tenter de sanctionner le faux «
repenti », comme essayer de le rassurer, maintient le malentendu et peut avoir
comme effet de générer la crainte anxieuse de l’animal et d’envenimer la
situation de conflit.
Méconnaître les conduites sociales canines en général, comme se fier aux idées
reçues sur un comportement quel qu’il soit, qui ne peut jamais être isolé de son
contexte si l’on veut s’expliquer ce qu’il peut « caninement vouloir dire »,
risque d’exposer à de fâcheuses surprises.
Et