Combien de temps dure le deuil ?
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La vie de nos animaux familiers
est toujours trop courte. Un chien selon sa taille peut
vivre en moyenne 10 à 17 ans, un chat 16 à 18 ans.
Le perdre peut être une épreuve
douloureuse et difficile à supporter. A l’annonce de la mort de leur
compagnon, nombre d’entre nous se demandent comment désormais vivre sans lui ?
Les effets du deuil et sa
chronologie sont trop peu souvent évoqués. Notre société d’aujourd’hui plutôt
portée à allonger la vie, préfère ne pas parler de la mort.
Pourtant, le deuil qui est
à la fois état et conséquences de la perte d’un être cher est un phénomène
normal.
Il n’est pas fou d’avoir
du chagrin à la perte de l’animal avec qui on a parfois passé 15 ans d’une vie.
C’est même notre dernière expression d’amour pour lui et mieux vaut éviter en
cette période les personnes qui ne le comprendraient pas.
Il est au contraire
réconfortant de pouvoir exprimer son chagrin auprès de sa famille ou d’amis qui
peuvent le recevoir.
Celui qui peut parler,
dire son émotion et pleurer avec les siens est favorisé. Il est important de ne
pas se sentir critiqué dans sa douleur mais d’être compris et respecté.
La meilleure aide pour un
endeuillé vient de personnes proches aimant elles aussi les animaux, patientes,
indulgentes et sachant simplement écouter sans rien vouloir empêcher de la
douleur et des larmes de l’autre.
Tout le monde ne réagit
pas de la même manière, et certaines personnes auront plus ou moins besoin de
contacts ou d’intimité.
Le deuil se caractérise
par l’humeur dépressive, la perte de l’intérêt pour le monde extérieur, la
culpabilité, et peut conduire à une dépression grave. Mais attention à ne pas
prendre toutes ces manifestations normales du deuil pour un état pathologique.
À la perte d’un animal
très aimé, le chagrin est inéluctable et naturel. C’est l’absence d’affliction
qui peut être anormale et doit être repérée par les proches. Le maître endeuillé
peut aussi nier cette mort et faire comme si l’animal était encore là, or
non-dit et refus de la mort diffèrent ou bloquent le deuil.

Les différentes phases du deuil
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Le déroulement normal du
deuil passe successivement par différentes phases :
D’abord le choc :
celui qui reste, heurté, secoué dans toutes ses fibres, saisi d’une
lassitude écrasante est atteint jusque dans sa santé, perd l’appétit, le
sommeil. Émotionnellement perturbé, tour à tour agité il crie sa peine, ou
comme anesthésié, silencieux, muré, il gémit livré à des affects
d’impuissance, de révolte, de colère, d’abandon, de honte parfois, de
culpabilité souvent.
Tel maître se sent
coupable de n’avoir pas repéré plus tôt les premiers signes de la maladie et
n’avoir pas conduit son chien ou son chat de suite chez le vétérinaire ; tel
autre de n’avoir pas prévu le danger qui guettait son compagnon. S’en prenant à
la terre entière « pourquoi est-ce mon chien qui est mort ? », d’autres enragent
aussi de la négligence d’un tiers qui a mal refermé le portail du jardin, contre
le chauffard qui a renversé leur animal, ou le maître de ce chien qui a brisé la
colonne de son chat… Certains rendent responsable le vétérinaire de n’avoir pas
fait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver leur animal.
Même celui qui a pu se
préparer à son deuil, n’échappe pas à cette phase qui peut être moins violente
mais plus insidieuse, et jeter parfois davantage dans la torpeur.
Puis vient l’état
dépressif :
Comme soudain coupé des autres, c’est la grande solitude.
L’endeuillé est seul à savoir ce que la perte de son animal représente de
douleur pour lui. Tout est sombre, chaque geste du quotidien est laborieux,
ce qui pourrait le divertir est rejeté, il ne peut être distrait ni déchargé
de sa tâche de remémoration des souvenirs communs avec l’animal chéri. Sans
plus être très bien capable de s’occuper de lui-même, il a besoin d’être
protégé, consolé. Il faut ce temps comme pour tourner à vide… pour accepter
peu à peu la réalité, la révolte, la blessure, l’état de fragilité, le
déséquilibre qu’a engendré la perte.
Des rêves surviennent, on
voit le chien, le chat encore vivant, puis il s’éloigne, s’estompe, s’efface…
Enfin avec le temps, la douleur s’adoucit...
Même si elle se réveille
plus ou moins à des occasions anniversaires ou en croisant un autre animal
de même race…celui que l’on ne peut plus voir, sentir, caresser va
maintenant vivre à l’intérieur de nous. Sa photo nous accompagne, on aime
évoquer les bons moments passés en sa compagnie …on sait qu’il n’est plus,
mais il reste présent au fond de nous à jamais. On accepte ce passé qui ne
sera plus et l’avenir qui ne sera pas avec l’être perdu.
Ce parcours achemine vers
la finalisation du deuil, qui laisse enfin la possibilité de reprendre goût à la
vie.
Ces différentes phases ne
sont normalement que passagères, et c’est par contre si le maître s’enferme dans
l’une d’elle qu’il ne peut terminer son travail de deuil et sombrer dans la
dépression.
Ne pas négliger les autres animaux de la
maison
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Plusieurs animaux qui
cohabitent, tissent entre eux des liens d’attachement. Lorsque l’un d’eux
décède, l’autre le cherche et ressent un vide. Il perçoit aussi la détresse de
son maître qui le délaisse un peu.
Dans son chagrin, il ne
faut pas oublier celui qui reste et s’efforcer de lui consacrer du temps et lui
garder ses habitudes. Faute d’attention, certains petits compagnons de longue
date dépriment, ou même se laisse mourir à la suite de la disparition de leur
« copain ».
Sans ce nécessaire travail
naturel du deuil, aucune relation nouvelle avec un autre ne pourra se nouer
sainement.
Se précipiter de manière
prématurée pour reprendre un compagnon fait partie de ces vaines tentatives
d’échapper à l’incontournable souffrance du deuil qui ne manquera pas de
ressurgir un jour dans un moment et des circonstances inattendus.
C’est également exposer
douloureusement « l’animal de remplacement » à des comparaisons sûrement pas
toujours à son avantage par rapport au mort idéalisé.
Ce malheureux
« remplaçant » risque fort d’en souffrir, toujours perdant dans cette sorte de
compétition inégale. Nié dans ses qualités propres et sa singularité, le nouveau
chien ou chat souvent choisi de même race et de même couleur, n’étant là que
pour masquer la perte du précédent.
« Jamais ce chien ne
pourra dominer, se soumettre, se hiérarchiser, s’enfuir ou se cacher, éprouver
un code clair de comportement avec ce maître-là, parce qu’il est à la fois
appelé et chassé, attendri et angoissé. » « Il ne pourra participer à aucun
rituel d’interaction cohérent, puisque dans l’esprit de son maître « il a été
mis là pour » évoquer le disparu et souffrir de la comparaison. » Boris Cyrulnik
(l’ensorcellement du monde, éd. O. Jacob pages 132 à 141) y expose très bien le
drame du « chien de remplacement » toujours victime de troubles du comportement.
Tout animal chéri disparu
est irremplaçable. Celui qui lui succèdera pour continuer avec vous un bout du
chemin de la vie se montrera capable de vous apporter aussi du bonheur, si après
votre deuil, vous savez l’accueillir pour lui-même.